Elisabeth Rioux, Andréanne Marquis & Sofia Sokoloff au FMD

Le 20 et 21 août derniers j’ai profité des excellentes conférences du Festival Mode & Design. La première à laquelle j’ai assisté mettait de l’avant 3 femmes entrepreneurs : Élisabeth Rioux de Hoaka Swimwear, Sofia Sokoloff de la compagnie de lingerie éponyme et Andréanne Marquis de Womance.

Photo prise avec mon cellulaire durant la conférence

Photo prise avec mon cellulaire durant la conférence

Ces 3 femmes assez différentes ont toutes en commun un succès rapide en affaire, avec des produits mode, et des techniques de vente actuelles à l’aide des réseaux sociaux et des boutiques en ligne. Voici ce qu’elles avaient à dire :


Vente en ligne vs centres commerciaux

Élisabeth a expliqué qu’elle utilise des plateformes comme Instagram pour faire des sondages quant aux couleurs de tissu qu’elle devrait utiliser pour ses nouvelles collections. « [Chez Hoaka swimwear nous intégrons] le client dans le processus de création. »

Sa clientèle se sent ainsi très impliquée, d’autant plus qu’Hoaka publie sur son Instagram les photos prises par ses clientes portant les bikinis de la marque. Elle dit toujours lire les courriels et les avis même si ce n’est pas nécessairement elle qui y répond, afin d’être réellement au fait de la satisfaction de ses clients.

Photos du compte Instagram de Hoaka Swimwear

Photos du compte Instagram de Hoaka Swimwear

Pour Sofia Sokoloff, ce sont les canaux de distribution qui sont différents. Sa lingerie s’est d’abord vendue en magasin, mais actuellement ses ventes en ligne sont en train de rattraper celles au Simons et dans les autres points de vente physiques.

Elle nous explique que maintenant on parle beaucoup de communauté de clients. Il faut connaître son public cible et lui faire sentir qu’il fait partie d’un groupe qui lui ressemble, aux valeurs similaires, comme l’achat local et la cause féministe dans le cas de Sokoloff lingerie.  Sofia aussi partage les photos de ses clientes portant ses morceaux, mais a été choquée lorsqu’elle s’est rendue compte que de fausses agences se faisaient passer pour la marque, afin d’obtenir des photos de filles en lingerie.

Photos Instagram du compte de Sokoloff Lingerie

Photos Instagram du compte de Sokoloff Lingerie

Andréanne Marquis quant à elle trouve que ce que le web lui permet de plus par rapport à la vente traditionnelle est de « tenter des choses à moindre coût, mais à plus grand impact ». Elle argumente toutefois que de nos jours les contacts humains sont de plus en plus rares et c’est pourquoi elle croit que la présence en magasin ne disparaitra pas.

Elle avertit par contre que « c’est plus que juste mettre des supports sur des racks ». Elle  a dit : « Je veux rentrer dans un magasin et ne pas avoir une vendeuse qui m’accueille, mais une styliste à qui je peux dire que je vais à un cocktail et qu’elle me prenne par le bras pour ressortir avec une sélection qui correspond à mes besoins ». C’est pourquoi durant les 10 derniers mois elle a ouvert 9 pop up shops et alla à la rencontre de sa clientèle.

Photos Instagram du compte de Womance

Photos Instagram du compte de Womance


Les femmes en business

Il était comique et à la fois désolant d’apprendre que lorsqu’Élisabeth Rioux voulut prendre un rendez-vous avec un bureau d’avocats à l’âge de 18 ans pour démarrer Hoaka swimwear, elle ne réussit pas à en avoir un, étant sous-estimée en tant que jeune femme. Son père a du prendre rendez-vous et alors que les avocats ne s’adressaient qu’à lui durant le meeting, il leur dit « ce n’est pas pour moi, c’est pour elle ! ». J’aurais payé cher pour voir leurs visages !

Andréanne durant la conférence, photo par SavCollective

Andréanne durant la conférence, photo par SavCollective

Élisabeth fit bien rire en disant que ce qui est un avantage dans toute cette situation est qu’on peut « utiliser la naïveté des hommes pour montrer qu’on peut aller plus loin ».

Andréanne alla dans le même sens en disant « on est tellement sous-estimées que la voie nous est complètement ouverte. Ils ne nous voient pas venir et c’est la plus belle affaire. »

L’audience éclata de rire lorsqu’elle parla de son expérience à l’assemblée nationale avant d’être entrepreneure : « il y a juste des monsieurs à l’assemblée nationale, mais il y a juste des madames qui leur disent quoi dire ! »

 


Gérer une équipe

Andréanne a fait une grimace lorsque la discussion se tourna vers les ressources humaines, avouant avoir parfois plus de difficulté à gérer des employées femmes. « J’ai été élevée avec 3 grands frères, donc les filles… [face de fille pas sure] ». « Je m’entoure de gars, idéalement cutes », dit-elle à la blague.

L’équipe d’Hoaka est majoritairement composée de femmes. Élisabeth explique que la plupart étaient des fans de la marque et sont donc extrêmement motivées au travail. Ses consultants légaux et comptables par contre restent des hommes.

Photo par SavCollective, Élisabeth Rioux et Sofia Sokoloff

Photo par SavCollective, Élisabeth Rioux et Sofia Sokoloff


Être le visage de sa marque

L’animatrice demanda aux femmes d’affaires comment elles se sentent d’être à l’avant, puisque les trois sont présentes sur les réseaux sociaux et sont devenues, parfois malgré elles, les visages de leur marque.

Photo d'Élisabeth Rioux par Avril Franco, prise à la conférence

Photo d'Élisabeth Rioux par Avril Franco, prise à la conférence

Élisabeth, qui a 1,6 millions d’abonnés sur son Instagram personnel, vs 584 000 pour le compte de Hoaka swimwear, affirme que ses abonnés savent l’associer à Hoaka, mais que plusieurs clients internationaux qui suivent Hoaka, ne sont pas nécessairement au courant qu’elle est propriétaire de la compagnie.

Elle ne s’est toutefois pas exprimé sur le fait que justement, plusieurs personnes suivent son compte personnel et que, selon moi du moins, c’est son plus grand coup de marketing. C’est le cas entre autres puisqu’elle se présente souvent dans ses bikinis, dans des endroits exotiques, toujours très photogénique. Récemment, son projet de courts vidéos intitulé #breakthefilter mettait de l'avant des personnes aux parcours et morphologies qui sortent de la norme, allant dans le sens du mouvement qui favorise la diversité dans le domaine de la mode.

Pour Sofia et Andréanne, c’est différent. Bien qu’Andréanne soit une ancienne participante de l’émission Occupation double, elle a avoué avoir détesté être le visage de Womance. Comme elle dit, « c’était un passage obligé », puisque sa présence sur la scène publique a donné un gros boost à sa marque. Ça fait maintenant 3 ans qu’elle a réduit, voire effacé, sa présence sur les réseaux sociaux de la marque et un fort impact négatif a été ressenti sur les ventes. Cette chute est toutefois en train de remonter.

La propriétaire de Sokoloff lingerie aussi s’est retrouvée à l’avant-plan « contre sa volonté ». « Je suis introvertie, quand j’ai lancé ma marque je ne voulais pas être en avant, mais les gens veulent voir qui est derrière [les produits]. »

Photo de Sofia Sokoloff par Avril Franco, prise à la conférence

Photo de Sofia Sokoloff par Avril Franco, prise à la conférence


Les débuts

Élisabeth a révélé qu’ « à partir de 14 ans, [elle] revendait des cellulaires » et qu’elle n’a jamais arrêté d’être une entrepreneure depuis. Elle a déjà travaillé dans un bureau mais ça n’avait pas duré longtemps, elle n’était «  pas à [sa] place ».

Andréanne Marquis par Avril Franco, voir édition du magazine de juin 2016

Andréanne Marquis par Avril Franco, voir édition du magazine de juin 2016

Andréanne a débuté Womance toute seule, elle se rappelle ne pas pouvoir faire cuire du saumon dans son appartement puisque que les vêtements qu’elle vendait se trouvaient sur le divan dans son salon. Elle explique que si c’était à recommencer, elle n’aurait jamais fait ça toute seule.

Aussi, elle se serait spécialisé dans un seul produit, puisqu’elle affirme que « du jour au lendemain tu te rends compte que tu deviens comme les grandes chaines [mais que tu n’as pas les mêmes ressources] ».  Ce qui lui manque des débuts, c’est de s’occuper personnellement de chaque colis envoyé, c’est pourquoi au moins 1 fois par mois elle se remet les mains à la pâte, ce qui lui permet aussi d’analyser les bons et les moins bons coups de près.


L’avenir

Je trouve qu’Élisabeth a une excellente idée pour le futur de sa marque. Elle envisage d’avoir des magasins, mais qui servent principalement de vitrine, un emplacement phare et unique en son genre. Elle pense entre autres à le situer à Times Square, Hawaii ou Bali. Selon elle, son produit doit rester exclusif, ne pas se retrouver dans un carrefour Laval de ce monde, mêlé aux autres boutiques standards.

J’ai été surprise d’apprendre qu’Élisabeth se voit plus tard en business, mais pas uniquement en mode. Elle se décrit avant tout comme une femme d’affaire, plus qu’une créatrice. Dans quelques années nous la verrait peut-être assise sur une des chaises Des Dragons, qui sait !

Photo par SavCollective

Photo par SavCollective

Andréanne va bientôt sortir une branche maternité à Womance. Elle raconte que ses amies enceintes doivent « acheter du 2-3 XL, mais tu ne 2-3 XL pas des jambes ! ». D’ailleurs, il y avait au moins 15 poussettes dans les files d’attente des pop up shops qu’elle a récemment faits. Elle aime aussi beaucoup faire des conférences dans les écoles et constate que si les réseaux sociaux avaient existé à ses 14 ans, elle n’aurait probablement pas survécu.


L’équilibre

Ces femmes d’affaires sont à la tête de compagnies performantes, mais elles doivent de temps en temps respirer. J’ai trouvé sage l’opinion d’Élisabeth par rapport à ça, elle a dit : « Je pense que c’est vraiment important d’arrêter de valoriser le fait d’être occupé, de travailler tout le temps ». C’est pourquoi elle prend le temps d’aller au parc à chiens tous les jours avec ses toutous et d’être dans sa cour, dans sa piscine.

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Sofia et Andréanne ont plus de difficulté à décrocher, mais la propriétaire de Womance utilise les voyages de pêche pour se déconnecter, après tout « souvent il n’y a pas de réseau ! ».


Élisabeth Rioux avec notre équipe, Avril Franco photographe et moi-même !

Élisabeth Rioux avec notre équipe, Avril Franco photographe et moi-même !


Merci au Festival Mode & Design pour les supers conférences !