L'évolution des canons de beauté
Article par Caroline Paquette-Méthé
Un monde de beauté
La beauté est au centre même de la mode : elle en dicte la forme, la couleur, la complexité… Mais le concept de beauté est aussi varié et changeant que le monde dans lequel nous vivons. Chaque pays, chaque culture, a sa propre définition de celle-ci.
Pour les Mauritaniens, ce sont les grosses femmes qui sont considérées belles, pour les Brésiliens, on privilégie les corps toniques et bien bronzés, en Corée du sud, on affectionne particulièrement les visages en forme de cœur… Certains attributs considérés comme incongrus ou déplaisants trouvent même leur place au panthéon du beau : les dents mal alignées qui donnent un aspect juvénile et mignon aux Japonaises ou encore le mono sourcil, associé au bonheur par les Tadjiks.
Il est plus que courant de voir les populations transformer leur corps et leur visage à l’aide de vêtements, de maquillage, de chirurgies même, pour atteindre les idéaux du moment. Pas besoin d’aller très loin pour en trouver un exemple : le corset a régné en maître sous plusieurs formes et plusieurs noms à travers l’histoire occidentale.
CHRONOLOGIE OCCIDENTALE
Dans le dernier siècle, la définition de beauté a beaucoup évolué. On a pu assister à certain retour à des modes antérieures mais aussi à quelques révolutions. La mode et la beauté ont bien évidemment été influencées par les designers, les mannequins, les stars du cinéma et autres personnes d’influence. En voici un petit récapitulatif :
En 1900, l’incontournable corset est encore à l’honneur. Il procure à la silhouette féminine du maintien au niveau de la poitrine, de la finesse à la taille et une forme en « S » recherchée au niveau du profil. Pour le reste, on préconise un aspect naturel et innocent : la peau délicate et translucide, les yeux ronds et enfantins, les cheveux légèrement ondulés et remontés lâchement sur le dessus de la tête.
Photos gauche à droite : Camille Clifford, Les Gibson Girls, Annette Kellerman
L’idéal est dans la continuité de la décennie précédente : grande fille mince à l’air innocent. Le corset évolue pour prendre une forme conique et la silhouette en « S » disparaît. La première guerre mondiale vient cependant tout chambouler et la beauté est reléguée au placard pendant quelques temps.
Après quelques années de simplicité et de modestie imposées par la dureté du temps, la mode explose. Le corps de la femme se voit enfin libéré de la contrainte du corset! C’est une silhouette mince, droite et androgyne qui envahit la scène de la mode. Pour la première fois, les cheveux courts sont à l’honneur : l’esthétique garçonne est au goût du jour. Le maquillage devient dramatique.
Les rondeurs sont de retour : les courbes généreuses du corps, la poitrine et les hanches, mais pas que. Le visage, les sourcils et les yeux ronds sont aussi très appréciés. Le style garçonne dramatique est définitivement balayé pour un look plus naturel et néanmoins soigné.
Les corps bien en chair sont toujours populaires mais la silhouette se voit plus cintrée. Le retour de la guerre force la femme à faire preuve encore une fois de simplicité et de fonctionnalité.
Les cheveux courts ont repoussé par manque de budget et sont maintenant coiffés vers le haut pour libérer le visage. On fait néanmoins preuve de créativité en leur faisant prendre des formes plus sculpturales. Le maquillage survit malgré le manque de ressources. La bouche est redessinée en cœur et les sourcils sont maintenus fins et légèrement arqués.
La silhouette en sablier prédomine. L’élégance distingué de la femme au foyer séduit autant que le charme désinvolte et sulfureux des jeunes stars de cinéma. On voit apparaître la très reconnaissable « bullet bra » qui donne une forme conique aux seins. Les cheveux se portent courts et bouclés avec goût.
La mode anglaise envahit le monde et propose une nouvelle silhouette très mince et élancée. Les visages enfantins et les grands yeux pleins de cils sont à l’honneur.
La bouche, qui était autrefois dessinée avec du rouge, est maintenant uniquement rehaussée de gloss transparent. Les cheveux peuvent être courts ou longs, préférablement avec beaucoup de volume.
Entre l’apparence propre et naturelle des hippies et le glam incontesté du disco, il est difficile de définir la beauté en cette période où les styles se multiplient. Cependant, tout le monde semble s’accorder sur la beauté des corps élancés, sportifs et bronzés. Les cheveux sont souvent long, plein de volume et sont portés détachés. Chez les afro-américains, on assiste à un retour revendicateur aux cheveux naturels avec la coupe afro.
Dans la décennie de l’aérobie, c’est le muscle qui plait. Épaules larges, hanches minces, fesses d’acier… La force physique prédomine et grâce au Body Styling, on peut maintenant sculpter le corps efficacement.
Le bronzage n’est plus, car maintenant on sait que le soleil vieillit la peau. Les cheveux sont courts ou longs, soufflés et frisé ou juste détachés. Les coupes asymétriques font leur apparition.
La silhouette adolescente succède au corps de championne : jambes fines, tronc mince… Simplicité, fragilité et androgynie se mélangent. La peau translucide et lumineuse est particulièrement appréciée.
Les coiffures se simplifient grandement : court ou long, coiffé ou détaché, le plus important est d’avoir une coupe bien faite et un mouvement naturel dans la chevelure. La mode devient de plus en plus individualiste : chacun son visage, chacun son style.
Après les frêles silhouettes de la décennie précédente, ce sont les corps puissants qui reviennent en force. Les muscles apparents et toniques sont recherchés. Les yeux sont joliment soulignés et les lèvres bien brillantes. Les cheveux méchés sont à la mode.
Le corps parfait comporte un ventre plat, une poitrine et des fesses généreuses, une taille fine et une peau en santé.
On aime les visages bien sculptés, les nez minces et les lèvres bien pulpeuses. Les sourcils bien définis et épais sont de mise pour encadrer des yeux pleins de cils.
AUTHENTICITÉ
Lorsque l’on s’attarde sur toutes les choses qui on été considérées comme belle à travers le temps et les pays, on se rend vite compte que tout a déjà été synonyme de beauté. Au final, la définition de beauté relève davantage d’un accord collectif éphémère basé sur l’idée qu’on se fait de ce qui doit être esthétique ou pas.
Il ne faut pas oublier non plus toutes les beautés qui ont défié les normes de leur temps et imposé leur visage, leur corps et leur style dans des industries très sélectes telles que celles de la musique, de la mode et du cinéma, sans parler non plus des femmes ordinaires qui bravaient les idées établies dans leur quotidien car, en bout de ligne, rien n’est plus beau que le courage de l’authenticité.