Justine Bond, dans mon suit Nathon Kong
Article par Justine Gagnon
Photos par Avril Franco
Si j’étais un homme, je ne serais pas capitaine, je porterais un suit Nathon Kong. Pas seulement parce qu’ils ont un beau design, mais parce qu’ils ont chacun une histoire. C’est sûr qu’il me faudrait plus que juste être un homme, car ces complets sur mesure ne sont pas donnés (entre 950 et 2500$), mais ils viennent avec une expérience d’achat unique et une caractéristique cachée qui apporte une touche sociale à ces pièces de vêtements destinées aux hommes d’affaires. De plus, Nathon affirme que pour la qualité donnée, c’est comme acheter une Ferrari au prix d’une Lexus. Je ne connais pas trop les chars mais ça avait l’air d’un bon deal.
Les Impatients
Pour la touche sociale dont je parlais plus haut, je m’explique : Nathon Kong crée des costumes qui cachent dans leur doublure des oeuvres d’art réalisées par Les Impatients, un organisme venant en aide aux personnes atteintes de maladie mentale via la création artistique. En plus d’ajouter un aspect unique à chaque morceau, 10% des profits retournent à l’organisme. Le client peut également sélectionner une oeuvre d’un artiste local montréalais qui se trouve dans le cahier de sélection de M. Kong.
Tu peux aller regarder cette vidéo pour en apprendre plus sur Les Impatients, mais pour tout de suite, finis de lire mon article. :P
Justine Bond
J’ai eu la chance de vivre l’expérience client avec Nathon et je dois avouer avoir été transportée pendant les 45 minutes de la visite dans un univers à la James Bond. « On m’appelle Bond, Justine Bond ». Tout d’abord, le salon où on est invité à entrer est dissimulé, une vraie cachette secrète. Ensuite l’expérience de magasinage suit des étapes bien précises, puisque chaque client a son propre rendez-vous et est accompagné tout au long de l’élaboration de son complet.
On touche d’abord les différents tissus possibles, en en apprenant plus sur leurs caractéristiques, leur provenance et leurs échelles de prix. La qualité est palpable et ça représente bien le travail d’un artisan de la mode, qui se doit de choisir intelligemment sa matière première.
On choisit ensuite l’oeuvre qui se retrouvera à l’intérieur du veston. Chacune d’entre elles est présenté dans un catalogue qui décrit du même coups l’histoire derrière l’image ainsi que derrière l’artiste qui l’a peint. Ce qui m’a surpris est l’effet donné entre l’image de base, et le résultat sur le tissu, une fois l’image multipliée et réarrangée. Un dessin qui était très littéral (une maison avec un arbre), devient abstraite puisque répétée et mise en miroir.
Tel une pièce de collection, chaque veston est signé et est numéroté, par exemple 8/40, signifiant que 40 vestons porteront cette oeuvre et que celui-ci est le huitième.
Comme Nathon dit, « money is the gesture », en réalité le vrai impact c’est de mettre en relation deux individus qui n’auraient pas été connectés autrement. Donner aux hommes d’affaires une relation unique avec la communauté locale. Ils deviennent une sorte d’ambassadeur pour la cause. L’an prochain, Nathon va également produire des accessoires comme des noeuds papillons avec les oeuvres d’art.
Ensuite, une petite pièce hautement équipée permet de scanner le corps en entier afin d’offrir en quelques secondes toutes les dimensions nécessaires à l’équipe de Nathon pour pouvoir créer un complet parfait. Comme M.Kong m’a expliqué, ça lui permet aussi de tout de suite identifier les caractéristiques physiques de son client afin de lui suggérer des coupes qui lui seront plus avantageuses.
Finalement, dans l’ambiance tamisée très bien réussie par l’équipe d’architectes Aedifica et conservée de l’entrée à la sortie, le client est invité à s’asseoir sur un divan en cuir, possiblement un verre de scotch à la main, pour se faire présenter les différentes options de complets que Nathon lui propose. Il reviendra éventuellement à cette pièce lors de l’essayage final de son habit ou à chacun des prochains vestons qu’il désirera se faire faire (les premières étapes n’étant plus nécessaires).
BUSINESS 101
J’étais intriguée de savoir comment lui est venue l’idée pour son entreprise. Il m’a expliqué qu’il aime magasiner, mais qu’il déteste magasiner quand il est à la recherche de quelque chose de précis. Il détestait donc magasiner des habits. C’est pourquoi il s’est dit que le client devrait être accompagné, et vivre une expérience de magasinage plaisante, et même au-dessus de ses attentes. Avec le décor enveloppant, la musique apaisante, un parfum agréable dans l’air et l’accompagnement chaleureux, le client vit certainement une expérience inoubliable.
Pour les entrepreneurs curieux, Nathon a commencé dans l’industrie de la mode il y a 3 ans et demi. Tout d’abord avec son projet startup Tailor2go, qui consistait à faire la promotion de ses complets sur mesure avec un camion, un peu comme un food truck, mais un suit truck. Évitant des frais de loyer, ce projet lui a permis de croitre pour avoir son magasin caché dans un bâtiment en plein centre-ville sur Sainte-Catherine en avril 2018. Il s’évite encore un loyer exagéré puisqu’il n’a pas vitrine sur rue, mais sa petite planque masculine rend la visite encore plus différentiable et lui permet d’avoir ses bureaux au même endroit.
Ma petite critique… ou suggestion
Pour conclure, je vous dirais qu’une de mes premières questions en sortant de la visite a été : « Faites-vous des complets pour femmes ? ». Sa réponse m’a semblé un peu vague, puisqu’il affirme qu’il lui est arrivé de le faire, mais que c’est sur invitation seulement. Je me dis qu’avec le temps, il développera possiblement cette branche, et que d’ici là, j’aurai amassé un peu de sous pour pouvoir porter fièrement ces complets ambassadeurs des oeuvres magnifiques créées par Les Impatients.