Mon monde de licornes


Les chroniques d’une puce / no 1

par Justine Gagnon


Un ex m'a déjà dit, dans un élan de colère après l'avoir laissé, que je vivais dans un monde de licornes et que j'étais une "fucking twelve years old kid". Il ne m'avait jamais parlé en anglais avant cette présumée insulte.

licorne - avril magazine

Je dis “présumée” parce qu’après avoir digéré tous ces propos enflammés, j’ai réalisé que je préférais vivre dans un monde de licornes que dans un univers de requins.

Je considère par défaut que l’être humain est compatissant, généreux et tout simplement bon. J’ai décidé que c’était une qualité de s’émerveiller comme une jeune ado et d’avoir encore une part de naïveté. 

Le problème est que depuis cette accusation, on dirait que mon monde de licornes tombe en ruines. Éco-anxiété, coronavirus, surconsommation et absence de règles morales claires sont toutes sortes de nuages gris que j’ai de la difficulté à éloigner. L’apocalypse est à ma porte et mon réflexe est de me cacher en position foetale dans la garde-robe. 

Je me demande si je suis la seule à être terrorisée et perdue. Je m’ennuie de l’époque où je n’avais qu’à suivre les valeurs chrétiennes pour me sentir droite et croire que le reste de la civilisation poursuivait ce même objectif. 

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J’imagine que mes amis qui ont des enfants travaillent tellement au boulot et à la maison qu’ils ne se rendent même plus compte que la fin du monde pèse à répétition sur la sonnette d’entrée.

 

D’ici à ce que je me trouve un chum et que nous fondions une famille (ou pas), je me demande comment préserver l’habitat naturel de mes licornes imaginaires. À part changer le nectar de leur abreuvoir ou mettre des rubans dans leur crinière, je ne sais que faire d’autre. 

En attendant, voici mes petits remèdes temporaires : 

  • Écrire

  • Dessiner

  • Jouer (puzzle, mots croisés, jeux de société)

  • Écouter un film ou une série

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En gros, je me divertis jusqu’à ce que l’apocalypse qui gronde m’accule à la sortie ou que je décide enfin de l’affronter, ou de la déjouer. Si j’étais une petite Greta Thunberg, ça m’aiderait surement déjà de me sentir utile à l’humanité, mais je ne suis pas elle. Je dois trouver ma propre traversée de l’Atlantique en voilier. Qui sait, les prés de mon monde de licorne redeviendront peut-être prospères et florissants. 


Justine alias la Puce